Mercure en été


‘Passer un été sur la planète Mercure’, c’est une pensée absurde pour s’échapper du monde terrestre. C’est prendre son temps ‘compté’ pour le fondre dans la démesure.

Cette phrase est apparue en regroupant les sculptures, les peintures et les photogrammes pour cette nouvelle exposition.
Les coulées d’huile noire et de laque couleur ‘feu’, les reflets métalliques, le marquage par la lumière et les faux écofacts se voient comme des traces sombres et lumineuses. Elles évoquent ensemble une archéologie cosmique, un univers brûlant ou régnerait une joyeuse fin du monde.


Marion Séhier



Quand je regarde ces pièces je vois des morceaux d'univers. Des fragments d'inconnu étrangement familiers, qui à force de dériver dans l'espace et le temps auraient accumulé les traces de nos souvenirs et de notre avenir. Des mondes prémonitoires qui laissent l'impression divisée des sorties de rêve, tiraillé entre réalité et profondeurs intérieures. Derrière des formes sobres, des objets simples, des couleurs et des ambiances diffuses, ces constructions mentales et émotionnelles apparentes semblent remettre en cause la matérialité du monde par la dématérialisation douce du temps qui passe. Reste cette mélancolie si particulière, la nostalgie d'un temps qui n'existerait pas encore. Reste le vide, condition de l'apparition, l'écran qui contient potentiellement toutes nos images. Et la mémoire se balade dans tout ça comme un gaz volatil, comme une poussière un peu hallucinogène parfois, elle imprègne les lieux à sa guise puis repart faire un tour ailleurs. Si on était dans une machine à voyager dans le temps, le travail de Marion Séhier est ce qu'on verrait par la fenêtre pendant le voyage.


Florie Adda